Saturday, 29 December 2012

Impact de la géographie sur la biodémographie ? (M. Prost et M. Revol)


Impact de la géographie sur la biodémographie ?

Les populations urbaines de montagne et de plaine en Dauphiné (XVIe-XIXe siècles)
Impact of geography on biodemography? Urban populations of the mountains and the plains in the dauphine (16th-19th centuries)
M. Prost et M. Revol
Résumé | Index | Plan | Texte | Bibliographie | Annexe | Notes | Citation | Auteurs

Résumés

Dans un corpus de 31 agglomérations, nous discriminons celles situées en plaine de celles implantées en altitude et comparons plusieurs paramètres de biodémographie. Avec près de 52 000 actes de mariage observés sur une période couvrant les xvie et xixe s., nous mettons en balance des éléments qui rassemblent ou qui séparent ces entités urbaines. Par ce moyen, nous cherchons à déterminer l’impact des paramètres géographiques de l’écosystème urbain sur la structure des populations. En Dauphiné, la plupart des indices recueillis montrent que les agglomérations du bas sont globalement dissemblables de celles du haut, sans que les écarts enregistrés soient véritablement flagrants. Alors que pour le choix du conjoint, c’est la similarité qui prime, pour l’apparentement c’est une dichotomie marquée, les villes de « montagne » ayant un pool génique nettement plus homogène. Finalement, dans cette province, l’altitude est moins un facteur d’isolement géographique qu’un élément prépondérant de la fermeture biologique des populations citadines.
Haut de page

Texte intégral

« L’affluance de habitans (de Grenoble) alloit toujours augmantant en sorte que […] à paine y avoit-il assez de maisons pour comprendre et loger tant de monde qui tous les jours y accouroit de diverses parts ».
MaistreClaude Expilly, 1657

Introduction

1La biodémographie est une discipline plurielle, transversale, qui puise ses racines dans l’anthropologie biologique qui, elle, émane des sciences de la vie et dans la démographie historique qui appartient au champ des sciences historiques. L’anthropologie étant une science holistique, sa spécialité réside dans le fait que l’on étudie les populations en tentant de rendre compte de tous les paramètres qui les structurent. La formation des groupements humains s’envisage dans une évolution qui se conçoit dans deux dimensions, l’espace et le temps (Bley, Boëtsch, 1999). Les couples se forment, s’unissent, éventuellement se reproduisent, les générations se succèdent, demeurent en place ou migrent (Sauvain-Dugerdil, 1996), c’est toute cette dynamique évolutive que l’on doit analyser. Mais, pour bien saisir l’ensemble de ces processus évolutifs, il convient de s’intéresser à toutes les interactions qui peuvent favoriser, modifier ou même annihiler l’équilibre de la continuité générationnelle (Sauvain-Dugerdil et al., 1996). Parmi les facteurs à prendre en compte, ceux concernant l’écosystème demeurent pertinents, les choix matrimoniaux par exemple ne s’exercent pas de la même façon sur une île, dans un village de plaine ou dans une vallée d’altitude (Mc Cullough, O’Rourke, 1986 ; Gueresi et al., 2001 ; Prost, Boëtsch, 2001). De ces gradients géographiques découlent des attitudes sociales et culturelles qui font que les populations autochtones perdurent. Elles se sont respectivement adaptées aux contraintes de l’isolement, à celles de l’aire « ouverte », ou bien encore à celles de l’altitude et de son « agressivité climatique » (Chardon, 1989).
2Dans l’espace urbain, d’autres critères sont à prendre en compte car ce dernier répond à bien d’autres acceptions. Les cités médiévales sont entourées de remparts (Dupâquier et al., 1988), ce sont donc des lieux géographiquement clos pour lesquels les résidents doivent se soumettre au système contraignant de bourgeoisie pour y accéder. Une sélection est instaurée à différents niveaux, pécuniaire et professionnel. Néanmoins, d’autres éléments viennent contrebalancer cette fermeture puisque, périodiquement, des foires et marchés sont organisés. De facto, des flux populationnels de toutes natures vont et viennent, créant ainsi d’importants brassages d’où résulteront à terme, rencontres, alliances et reproductions. Au cours du temps, on devrait déceler des pools géniques hétérogènes, avec un fort apport de gènes nouveaux.
3L’écosystème urbain apparaît donc, du point de vue de l’anthropologie, comme une structure, certes complexe car beaucoup plus dense qu’ailleurs, mais aussi paradoxale dans cette dualité de fermeture/ouverture que l’on vient d’expliciter. D’ailleurs, l’antagonisme entre les mondes ruraux et urbains est quasi perpétuellement rappelé : « mais dans les faubourgs [de Lyon] déjà, à la limite du monde rural, on entre dans un milieu différent, incompris, un monde que les citadins ne veulent plus connaître » (Garden, 1975). Plus au nord, « la ville, ‘dépendante’ de la campagne dans ses structures sociales comme dans la formation de son capital et de son revenu, est bien le lieu de rassemblement de la classe propriétaire’, et de ceux qui, de près ou de loin, copartageants ou dépendants étroitement soumis, gravitent autour d’elle » (Vovelle, 1980). Au sud, en Languedoc, « on retrouve les sociétés, les deux styles de vie, les deux façades : et l’antinomie qui oppose bourgeois et rustres, ville et campagne, et, pourquoi pas, barbarie et civilisation » (Le Roy Ladurie, 1985). Tandis qu’à l’opposé, « autour de la ville[de Rouen] et de ses faubourgs, un cercle de 28 communautés assure une sorte de transition entre l’urbain et le rural, comme si la cité ne se diluait que très progressivement » (Bardet, 1983).
4De même, il est de notoriété que le monde urbain joue un rôle conséquent, aussi bien dans l’attraction de populations nouvelles désirant accéder à la bourgeoisie, que dans celui de la variété génétique. Les exemples s’égrènent à l’envi : « mais le jeune Sauvaire est un self-made man : homme d’initiative, il a quitté la terre pour la ville ; il a fait fortune, de quoi racheter à son père le mas de Gavot, en 1590 ; il a pris les goûts de luxe des bourgeois, avec la nuance criarde d’un marchand parvenu » (Le Roy Ladurie, 1985). En effet, les villes sont des lieux de diversité : la multiplicité des commerces, des boutiques, mais aussi les foires qui s’y organisent contribuent amplement aux échanges de tous ordres, lesquels déboucheront à terme sur une hétérogénéité génétique. Ainsi, dans la deuxième ville du royaume, des nombres explicites décrivent la situation, « la capitale normande n’a survécu qu’en puisant ses forces dans les campagnes voisines. En trois siècles[1550-1850] elle a pu capturer près de 400 000 immigrants. Les départs ont été également fréquents, mais deux fois moins que les arrivées. (…) Des centaines de milliers de vies s’entrecroisent dans l’espace resserré de Rouen(…) Hallucinant gaspillage de jeunes existences, mobilité intense des adultes, la ville est à la fois carnage et grouillement, mort et espoir » (Bardet, 1983). Plus proche de nous, mais au xviiie s. seulement, « arrivent à Lyon avec (…)l’intention de s’y fixer, au moins mille personnes par an jusqu’au milieu du siècle environ. Ensuite la progression est incessante, et à la veille de la Révolution, pendant le règne de Louis XVI tout entier, le chiffre annuel doit dépasser 1500 personnes, approcher 2 000 » (Garden, 1975).

Problématique

5Dans cette étude, nous cherchons à déterminer si, pour un écosystème tel que l’urbain, différentes variables d’ordre géographique ont un impact sur des paramètres biodémographiques que l’on recueille ou que l’on élabore. Ainsi, alors que dans d’autres écosystèmes comme le rural ou le montagnard, nous obtenons des résultats plus pertinents que d’autres (Prost, Boëtsch, 2001), qu’en sera-t-il quand un ensemble d’agglomérations de plus ou moins grande importance sera observé ? Concrètement, nous tentons de préciser si, comme pour le monde alpin par exemple, des variables écosystémiques telles l’altitude et la densité, ont un effet mesurable sur le choix du conjoint et l’apparentement des couples dans la société urbaine du Dauphiné. En observant des cités, sises en différents endroits d’une province essentiellement agricole, à quel type d’apparentement moyen allons-nous aboutir ? Étant donné l’ampleur des flux migratoires décrits pour des cités telles que Lyon ou Rouen, pourra-t-on mesurer, comme dans le reste de ce territoire, un pool génique urbain ? À l’inverse, si comme dans la ville de Chartres, on distingue des « rassemblements » d’urbains, il doit être possible, en confrontant un important groupe d’agglomérations géographiquement rapprochées, de constater des réseaux plus ou moins ténus dans lesquels s’effectuent préférentiellement des échanges matrimoniaux : des « isolats » urbains en quelque sorte ?

Matériel

  • 1 Relevés et informatisation des Associations Généalogiques : pour l’Isère, Centre Généalogique du Da(...)
6Pour réaliser cette recherche, nous nous adossons à deux corpus urbains pris dans la province de Dauphiné. Le premier regroupe un ensemble de 20 villes ou bourgs de la plaine située entre Grenoble et Lyon, le second, 11 agglomérations de plus ou moins grande importance implantées dans la partie haute de la même province 1. En réalité, les sources de l’enquête sont monovalentes, c’est-à-dire que nous nous servons uniquement des actes de mariage pour la réaliser. La biodémographie emploie volontiers ce type de données car elles concentrent nombre d’éléments capables de rendre compte à la fois du choix du conjoint et de la diversité biologique des populations. Plus de 51 000 unions informatisées pour 31 localités entrent dans la base de données, et c’est la totalité de ces actes qui sera prise en compte.
Tabl. 1 - Dénombrement des agglomérations et distribution des unions selon les corpus observés.
Table I - Number of towns and marriages according to records.
Agrandir
7Au vu des nombres du tableau I, plusieurs remarques s’imposent. D’emblée, la période d’observation comprend presque quatre siècles du xvieau xixe, mais les actes recensés entre 1579-1599 ne sont que quelques centaines. Par contraste, si toutes les agglomérations ne « vont » pas jusqu’en 1890, la recension des unions du xixe s. implique tout de même plusieurs milliers d’actes. C’est donc sur un continuum de trois siècles couvrant essentiellement l’Époque Moderne que porteront les analyses. En ce qui concerne le dénombrement des populations [cf. la liste exhaustive en annexe I], nous avons affaire à 31 entités, mais celles-ci se transforment en 34 paroisses, la ville d’Embrun en comptabilisant 3. Pour le bourg de Vif, l’annexe du Genevray a été ajoutée. Finalement, nous aboutissons à une disproportion flagrante en matière de quantité de mariage, puisque les villes de basse altitude réunissent presque deux fois plus d’actes, 1,94 fois exactement. Ce déséquilibre entre les deux groupes est dû principalement au fait que les villes d’altitude sont peu nombreuses en Dauphiné, d’ailleurs aucune scission d’ordre géographique n’est habituellement faite : c’est uniquement pour les besoins de cette enquête que nous créons arbitrairement cette division. Ensuite, l’ensemble provincial n’est pas encore totalement informatisé et certaines cités des Hautes-Alpes comme Gap, Chorges, Tallard, Veynes et d’autres du département de la Drôme, manquent actuellement.

Méthodes

8La démarche employée s’effectuera en cinq points. Nous chercherons d’abord à savoir si, au moyen des données écosystémiques, les groupes urbains que nous avons scindés présentent ou non des caractères d’altérité voire des disparités flagrantes. Nous estimerons et comparerons ensuite différents critères concernant les marchés matrimoniaux et le choix géographique du conjoint. Grâce aux marqueurs spécifiques que sont les patronymes, nous nous intéresserons alors à la diversité biologique et à l’apparentement des familles urbaines. En quatrième partie, à l’aide de la statistique, nous tenterons d’évaluer la similarité ou la dissimilarité des agglomérations du bas et du haut Dauphiné. Pour terminer, notre attention se portera sur les éventuels impacts pouvant exister entre les données de l’écosystème urbain et celles de la biodémographie.
9Au niveau du processus statistique, il s’agira d’établir des moyennes pour les deux groupes par exemple sur des critères géographiques tels que la superficie des paroisses, mais aussi la démographie, l’altitude et la densité. Toutes les moyennes arithmétiques seront accompagnées de coefficients de variation, celui-ci étant le rapport de l’écart-type () sur la moyenne (), exprimé en pourcentage [cv = /*100]. Ce simple indicateur ayant pour but d’apprécier le degré d’homogénéité de tel ou tel ensemble. Dans la deuxième phase, celle consacrée au choix du conjoint, on cherchera à connaître le degré d’ouverture ou de fermeture génétique des agglomérations. C’est au moyen de l’endogamie du lieu de naissance que l’on peut appréhender cette capacité (Bley, 1984). Le processus sera le suivant, le « cercle des unions » envisagé étant la paroisse, toute personne née dans la paroisse considérée sera autochtone. Ayant élaboré des matrices décrivant les quatre possibilités géographiques des unions [les deux époux sont autochtones, l’époux est de la paroisse et l’épouse non, etc.], il est loisible de déterminer le choix du conjoint et l’index d’homogamie géographique (Segalen, Jacquard, 1971). Avec les patronymes, s’établiront diverses proportions et calculs, données essentielles de biodémographie (Prost, 2 000). D’abord, l’index de diversité patronymique [Idp], calqué sur celui de la diversité des espèces (Odum, 1953). C’est le rapport du nombre de patronymes uniques d’une population sur le logarithme de la population moyenne. Puis, l’apparentement moyen [Fiso], c’est-à-dire le pourcentage de gènes que possède en commun une population. Ici, c’est la méthode de l’isonymie qui sera utilisée (Crow, 1980 ; Tay, Yip, 1985). Cette dernière, bien que soumise à des préalables qui ne pourront être vérifiés, stipule qu’un couple ayant un patronyme identique est apparenté à plus ou moins brève échéance. De ce constat découle, par transposition aux patronymes d’une équation de génétique de population, une formule pour évaluer l’isonymie par ses composantes conjoncturelle et structurelle. La partie suivante prendra en compte des éléments statistiques. D’abord, le regroupement de tous les coefficients de variation appliqués aux moyennes des tableaux II, III et IV, c’est-à-dire 14 coefficients. Nous effectuerons ensuite la corrélation deux à deux des principales données grâce au coefficient de détermination R2 [cf. les matrices de l’annexe 2]. L’équation permettant de formaliser cet indicateur de qualité s’élabore ainsi :
R2 = {cov(x, y)}2/V (x) V (y)
avec au numérateur cov(x, y) qui est la moyenne des produits des écarts pour chaque série d’observation, c’est-à-dire, cov(x, y) = 1/n Σ (xj-μx)(yj-μy) où μ représente l’espérance mathématique, la sommation s’étendant de j = 1 à j = n. Au dénominateur, il s’agit du produit de la variance des x par celle de y (Dodge, 1993).

Résultats et analyses

Données comparées des deux écosystèmes urbains

Tabl. II - Distribution des moyennes arrondies recueillies dans les deux écosystèmes.
Table II - Averages of surface areas, populations, population density, altitude and numbers of marriages for the two ecosystems.
Agrandir
10La superficie de l’ensemble résulte de la compilation des surfaces communales actuelles prises dans une documentation de l’INSEE. Ici, dans le tableau II, deux biais sont introduits, d’abord, nous ne connaissons pas les surfaces exactes qu’occupaient les localités à l’Époque Moderne. Ensuite, la surface « territoriale » ou communale ne correspond pas vraiment à l’implantation de la ville qui, généralement, se concentre derrière un rempart, lequel d’ailleurs induit la spécificité urbaine (Bardet, 1983). Nous aurions pu pallier le premier en étudiant attentivement la révision des feux de 1699 [ADI, sous série IIC], mais les mesures courantes de superficie en Dauphiné, la sétérée et la faucherée, varient vraiment selon le lieu, à l’intérieur même de la province (Falque-Vert, 1997). En définitive, ces biais demeurant dans l’un et l’autre corpus, il n’y aura pas d’antagonisme flagrant. Ainsi, nous constatons que la montagne occupe un espace moyen légèrement plus grand que son homologue de plaine. Toutefois, cette prévalence de terroir est contrebalancée par le fait qu’en altitude, celui-ci est toujours plus pentu, plus accidenté, et surtout improductif pendant de longs mois, le manteau neigeux le recouvrant alors. Cette difficulté à mettre en valeur les terres a-t-elle pour conséquence de réduire le nombre des hommes ? On peut en douter face aux données sociologiques urbaines. Tout oppose les ruraux et les citadins : « sortis d’un même milieu, les deux hommes sont séparés par la vie : tout le luxe de Sallagier consiste à se pavaner au milieu d’un immense bétail, symbole antique de la richesse. Texier, au contraire, accède au mode de vie du citadin ; nouveau riche, il tente d’exprimer (…) son appartenance à une élite urbaine, orgueilleuse et fortunée.(Le Roy Ladurie, 1985).
11Pour obtenir un résultat probant concernant la quantité de bourgeois qui réside dans les localités, nous avons effectué la moyenne arithmétique de données connues dans les archives des xviie et xviiie s. [Manuscrits de la Bibliothèque de Grenoble : U 439 et U 441 (xviie s.), U 908 (1698), U 5210 (vers 1748) et R 765 (1777)]. Les résultats ayant été arrondis, les bourgeois des plaines sont réellement plus nombreux que ceux d’altitude, exactement 1,4 fois plus. Ainsi, selon l’édit Laverdy de 1765, les agglomérations du bas entreraient pratiquement dans la deuxième catégorie des villes françaises, celle dont la population comptait de 2000 à 4499 personnes (Le Mée, 1999).
  • 2 Il s’agit d’un problème complexe comme l’indique l’exemple rouennais où la densité apparente est de (...)
12Avec la densité, c’est presque un différentiel double que nous observons en faveur de la plaine, mais le biais introduit par la superficie des habitations ne nous autorise pas de conclusion pertinente. En effet, demeure le problème des immeubles citadins et de leurs différents étages qui entraînent des superficies de planchers tout à fait variables2 (Bardet, 1983), mais là encore les deux groupes présentent la même infirmité. Dans ces conditions quasi déficitaires, seules des comparaisons intrinsèques auront véritablement de sens. Les localités du bas enregistrent une densité de 131 quand celles du haut admettent 69 habitants au km2. Mais comme la totalité du terroir est prise en compte il faut, comme pour le monde rural, supprimer de l’espace d’altitude la partie strictement inhabitable, au-delà de 2 500 m (Blanchard, 1950). Dans cette occurrence, après pondération, la densité des villes de montagne aboutit à 116 ce qui reste inférieur à celle de la plaine [ratio 1,1]. Par comparaison avec l’environnement respectif immédiat de ces agglomérations, allons-nous retrouver le même ratio ? Le monde rural bas dauphinois délivre une densité de 55 tandis qu’en altitude ce paramètre s’établit à 25 qui, après pondération s’arrondit à 32 habitants par km2 ; au total, le ratio est de 1,7. Cette dissimilarité d’indices suggère que l’écosystème urbain, sous cet aspect particulier, est nettement plus homogène que le rural.
13L’altitude quant à elle scinde véritablement les deux ensembles, les villes du haut sont en moyenne 2,3 fois plus élevées. Guillestre (1 000 m), Corps (937 m) et Briançon (1 326 m) sont implantées sur des hauteurs presque équivalentes aux plus hauts sommets de l’Alsace (1 247 m) ou des Vosges (1 362 m). Il s’agit là d’un paramètre majeur de cette recherche, l’altitude devait être discriminante pour constituer les corpus, elle l’est véritablement.
14Quant aux mariages, ils sont pratiquement aussi nombreux d’un côté que de l’autre, environ 1634 actes par ville, ne pouvant bien entendu pas faire la distinction entre mariage et remariage.

Le choix du conjoint

15Communément, les villes apparaissent dans les textes comme des lieux de « brassage » et de diversité sociologique. Les foires et marchés qui sont leur apanage contribuent certes aux différents échanges économiques, mais sans doute aux rencontres de tous ordres (Girard, 1981). De cet ensemble de conjonctions devrait déboucher à terme une hétérogénéité génétique marquée.
Tabl. III - Proportions d’endogamie réelle et attendue (statistique) et index d’homogamie. [Résultats exprimés en %].
Table III - Proportions of real and expected endogamy (statistics) and index of homogamy (results expressed in %).
Agrandir
16Le premier critère auquel on se réfère est l’endogamie géographique (tabl. 3), qui mesure la fréquence des unions entre deux autochtones. Avec une moyenne générale d’environ 55 %, les villes dauphinoises semblent relativement fermées aux flux matrimoniaux extérieurs. De même, la mesure réalisée par la montagne n’est que très légèrement supérieure à son homologue. Le monde urbain s’inscrit véritablement dans le modèle dit « d’aire fermée » avec une endogamie dépassant 50 % (Sevin, Boëtsch, 1991). Ceci est d’autant plus affirmé que ces mesures s’effectuent sur une période pluriséculaire avec des coefficients de variation respectifs de 21 et 23 %. Par conséquent, ce comportement matrimonial bourgeois peut être considéré comme habituel, il s’agit là d’une attitude culturelle qui perdure au moins sur une dizaine de générations. Les agglomérations delphinales représentaient-elles une anomie ? À Meulan en Vexin, cité d’environ 2 000 personnes de 1690-1869, l’endogamie se situe à 46%, avec une décroissance continuelle dans le temps (Lachiver, 1969). Dans Chartres, une cité plus importante d’environ 13 000 habitants, pour la seconde moitié du xviiie s., les taux sur plusieurs périodes font ressortir des proportions très disparates (Vovelle, 1980). De 1780 à 1789, 75% des unions s’effectuent entre chartrains d’origine mais, dès la décennie suivante, ce pourcentage n’est que de 49%, mais il s’agit ici de fréquences « immédiates », sur des intervalles très courts. Plus proche de nous, à Bourg en Bresse, ville de 4 000 habitants au xvie s., une estimation portant sur le « temps long »renvoie une moyenne de 46%, mais celle-ci s’établit de 1518 à 1574 (Turrel, 1986). À Lyon entre 1728-1788, les contrats de mariage des ouvriers en soie indiquent que 66% d’entre eux sont des urbains nés in situ. Mais en comptabilisant l’ensemble des Lyonnais, les proportions s’amenuisent :48,2% d’unions autochtones (Garden, 1975). Ailleurs, c’est Beauvais qui est considérée, l’endogamie calculée durant la période 1771-1790, montre aussi d’importantes variations à l’intérieur des cinq paroisses : de 56 à 89%, tandis que dans le Beauvaisis rural, différentes proportions atteignent 81, 83, et même 86% (Goubert, 1982). Alors que nous pouvions nous attendre à une faible endogamie citadine due à l’environnement multiforme, aux voies et aux moyens de circulation, mais aussi à une susceptibilité optimale en matière de rencontres, l’écosystème urbain de l’Époque Moderne « fonctionne » comme le rural, presque à l’image de celui du Dauphiné. En effet, les ruraux de la plaine dauphinoise présentent une fréquence endogamique moyenne de 43%, au cours des xviie et xviiie s.(Prost, Revol, 2 000).
17Mais quel rôle la proximité géographique pouvait-elle jouer sur la structure du marché matrimonial urbain ? Ne pouvant examiner ici toutes les situations concernant les 31 agglomérations, nous nous servons de données prises dans une étude que nous préparons sur les structures génétiques. Pour cela, nous avons examiné, dans plusieurs villes ou bourgs de la province, l’apport matrimonial des communautés environnantes pendant l’Époque Moderne. Nous avons déterminé d’abord les flux pour les paroisses adjacentes, puis les apports pour celles situées immédiatement après, la première et la seconde « couronnes ». Dans l’occurrence initiale, l’endogamie paroissiale s’élevait à 51,8% et, avec celle des paroisses circumvoisines 65,1 %soit un gain de 13,3%. La prise en compte du deuxième cercle d’unions aboutit à 73,5%. Donc, dans un rayon de quelques kilomètres autour des centres-villes, se concentrent près des 3/4 des unions dauphinoises. Ainsi, l’union des villes se construit à l’image de celle des champs pour laquelle la distance géographique est un facteur prépondérant.
18Avec les limites de la province, l’espace géographique mais aussi les potentialités de choix ont été très fortement augmentés et, dans cette large configuration, les cités sont proches de la fermeture totale, malgré des flux commerciaux d’ampleur internationale et nombre d’industries artisanales (Sclafert, 1926 ; Léon, 1954 ; Chomel, 1960 ; Chanaud, 1974). En définitive, le mariage urbain s’élabore sur une alternative de choix : un préférentiel qui unit à 55% deux bourgeois ou alors, un secondaire qui à 40% unit deux dauphinois. À Lyon, entre 1597 et 1636, l’aire d’immigration pertinente se situe aussi au niveau de la province, et bien qu’il s’agisse de recensements qui ne déboucheront pas forcément sur des unions, nous retrouvons une « morphologie » comportementale analogue : « les États de Savoie mis à part, l’essentiel de l’espace humain lyonnais semble consister en l’ensemble Lyonnais, Forez, Beaujolais et – à un bien moindre degré – Dauphiné. L’importance des contingents s’amenuise très nettement avec la distance » (Zeller, 1983).
19Des observations des actes de mariage découlent des matrices représentant quatre possibilités : les conjoints sont autochtones, l’époux est né in situ l’épouse non ou la situation inverse et finalement, les deux conjoints sont nés hors du lieu étudié. À partir de ces occurrences, on calcule l’endogamie que nous obtiendrions si tous les couples pris en compte se mariaient sans qu’aucun choix du conjoint intervienne. Ce régime particulier, dit panmictique, n’est qu’un artefact, il permet d’estimer l’endogamie attendue. Ici, les villes de plaine renvoient la proportion de 5 % quand celles de montagne n’en admettent que 4%. Par différence avec l’endogamie observée, les résultats respectifs s’établissent à 49,2 % et 52,9%. Ces deux fréquences indiquent explicitement que le choix du conjoint est une dimension importante du mariage urbain mais que celui-ci est plus marqué chez les montagnards, presque 4 %. Ailleurs dans la province, le monde rural réalise 37 %, et les communautés d’altitude 68,5%, il y a donc, en la matière, un véritable « fossé » qui sépare ces deux groupes, alors que chez les bourgeois on ne retrouve pas cette dichotomie. Ces résultats suggèrent qu’il existe, au sein de cette province, au moins trois régimes distincts concernant le choix du conjoint. Avec l’index synthétique, marqueur de l’homogamie géographique, on décrit la propension qu’ont les bourgeois à s’unir entre-eux (Leboutte, Hellin, 1988). En plaine c’est quasiment 26%, en altitude presque 21 %, le différentiel est de 5%. Dans les autres communautés dauphinoises le même différentiel s’approche de 10% en faveur des ruraux : il y a bien une spécificité montagnarde qui fait que, chez les citadins d’altitude comme chez les Alpins des vallées, l’aptitude à s’épouser homogamiquement est plus réduite qu’ailleurs. De telles pressions sur un marché matrimonial devraient forcément générer une migration viagère, ce peut être une des explications qui font que les gens du haut sont plus mobiles que ceux du bas.

Patronymes et diversité biologique

20Les patronymes portés par les individus sont à plus d’un titre intéressants. Non seulement ils permettent de distinguer une personne d’une autre, mais en outre, ils demeurent un marqueur moderne incontournable de la diversité d’une population. Ils autorisent aussi, aux moyens de multiples méthodes plus ou moins sophistiquées, la connaissance du pool génique d’une population, mais aussi des éventuels échanges qui peuvent s’organiser entre tels ou tels groupements humains (Prost, 2000). Cet avantage lié aux noms de famille est en quelque sorte amplifié en Dauphiné, du fait qu’ils se sont fixés et transmis pratiquement sans déformations depuis les xiie et xiiie s. (Chevalier, 1913-1926 ; Falque-Vert, 1997). De plus d’importantes séries d’archives médiévales nominatives nommées « révision des feux » ayant été conservées (Bauthier, Sornay, 1968-1974), il est possible d’opérer, grâce à ces patronymes, de multiples recherches sur des périodes continues de 6 ou 7 siècles (Boëtsch, Prost, 2001).
21Plus de 100 000 noms de famille ayant été examinés, un ensemble non comptabilisé d’entre eux a été rejeté principalement par manque de complétude, une lettre ou une partie ayant été omise (tabl. IV). Alors qu’en quantité le rapport entre les deux corpus est de 0,5, ramené en moyenne par ville, les deux groupes font sensiblement jeu égal. C’est dans une fourchette de 3000 à 3300 patronymes bourgeois que se situent les agglomérations dauphinoises. Mais dans une population, de nombreuses configurations peuvent coexister : un patronyme peut nommer une part importante de personnes, a contrario, chaque individu du groupe peut se nommer différemment, la diversité étant maximale. Les 20 localités du bas ont, en moyenne, un stock patronymique différent nettement plus ample qu’en montagne, mais celui-ci ne représente qu’un peu plus de 1/5 des patronymes recensés. En altitude, cette proportion s’établit pratiquement à 2/5. Les noms sont uniques, mais ils peuvent être répétés, une fois par remariage ou, si ce sont deux frères ou sœurs qui s’unissent. De même, d’autres aspects peuvent être envisagés : 3, 4, etc. répétitions, il peut s’agir de remariages multiples, la limite en la matière ayant été repérée chez des ruraux jusqu’à 7. Mais cette recherche globalisante ne peut se focaliser sur de telles considérations ponctuelles, les indices que nous estimons ne sont que des résultantes qui rendent compte de milliers de cas matrimoniaux. Avec l’indice de diversité [Idp], nous constatons que les urbains du bas ont une variété patronymique légèrement plus importante, 1,1 fois plus exactement. Ce faible différentiel est à l’image de l’endogamie, les bourgeois des plaines accueillant davantage de personnes extérieures, la diversité du stock nominatif est forcément accrue. Logiquement, nous devrions aboutir à un pool génique différencié : celui du bas plus faible que celui du haut.
Tabl. IV - Données évaluant la diversité patronymique et biologique de chacun des groupes observés.
Table IV - Data evaluating the biological and patronymic diversity of each of the groups observed.
Agrandir
  • 3 Les villes de plaine ont un patrimoine génétique commun de 1,4 ‰, cette mesure équivaut presque à l(...)
22Effectivement, au moyen d’une partie de la méthode isonymique, l’apparentement moyen que l’on évalue pour l’un et l’autre cas est complètement distinct. Mais la distinction est d’importance, les cités montagnardes ont un patrimoine génétique commun (Bouchard, de Braekelleer, 1991) 2,7 fois plus important que celles de la plaine 3. Cette différence est vraiment significative car l’Idp, indice élémentaire, n’admettait aucunement un tel écart, à peine 1,1. Ainsi, l’altitude isole, géographiquement d’abord, les familles citadines se marient davantage entre elles, l’endogamie est plus forte, mais surtout elles s’unissent plus volontiers entre cousins, l’apparentement le prouve. Chez les agriculteurs du bas et du haut, le comportement matrimonial se calque sur celui des urbains, en l’amplifiant néanmoins puisque le différentiel atteint 6,8 en faveur des communautés d’altitude. Alors que nous pouvions nous attendre à un brassage génétique d’importance, au point où nous nous demandions si nous allions pouvoir mesurer un quelconque pool génique, nous nous trouvons face à des localités pratiquement comparables aux communautés rurales qui les environnent.
23Un tout autre schéma semble se dessiner pour les grands centres urbains français, puisqu’à Lyon au xviiie s., l’observation est claire, « cette implantation dans la ville des non-Lyonnais, et le brassage de ces populations, leur amalgame qui finit par faire de ces Dauphinois, Foréziens, Auvergnats, Comtois ou même Italiens, des Lyonnais à part entière » (Garden, 1975). Par contraste, mais avec un décalage de plusieurs siècles, d’autres investigations menées par des chercheurs italiens au xxe s., dans une importante capitale du Nord, à Milan, montrent que l’on recueille en moyenne presque 2 % d’unions entre cousins germains et cousins issus de germains durant la période 1903-1953 (Serra, Soini, 1959). De ce taux médian qui décroît avec le temps, les généticiens milanais déduisent que la consanguinité moyenne de cette grande ville varie de 1,80 ‰ pour la cohorte la plus ancienne, 1903-1905, jusqu’à 0,30 ‰ pour celle de 1951-1953. Ainsi, encore à l’aube du xxe s. dans la grande cité italienne, l’apparentement moyen est quasiment équivalent à celui que nous observons dans les villes dauphinoises de plaine aux siècles précédents [1,40 ‰], en sachant toutefois que la méthode isonymique employée à une notable tendance à surestimer ce paramètre (Prost et al., 2002).

Comparaisons des indices statistiques

24Chaque paramètre étudié résulte d’une moyenne arithmétique pour laquelle un coefficient de variation [cv] est calculé. Celui-ci renvoie une indication d’homogénéité structurelle s’il est faible, l’occurrence inverse se produisant bien évidemment.
Tabl. V - Distribution de la moyenne de l’ensemble des coefficients de variation et de détermination, exprimés en %.
Table V - Distribution of the average of all the coefficients of variation and determination, expressed in %.
Agrandir
25Ici (tabl. V), ayant regroupé la variabilité de 14 paramètres [cf. tabl. II à IV,supra], nous aboutissons à un résultat peu dissemblable qu’il faut observer intrinsèquement. Ces résultats s’inscrivent dans la logique, les villes de plaine rassemblent une diversité supérieure à celles de montagne, qui elles, apparaissent comme des entités plus fermées aux influences matrimoniales de l’extérieur. Dans le même ordre d’idée, des matrices de détermination ont été établies en corrélant deux à deux les principaux paramètres comme l’endogamie et l’altitude, l’apparentement isonymique et la population moyenne, etc. [cf. annexe II, in fine]. Dans l’un et l’autre cas, les résultats sont dissociés et ceci doublement, car si cet indicateur de qualité répercute des proportions modestes, l’examen comparatif des matrices se révèle particulièrement discordant. Mathématiquement, R2 tend vers 100 % quand les deux éléments corrélés « s’ajustent », ici la diversité prime avec des moyennes ne dépassant pas respectivement 10 et 16 %. Aucune corrélation ne dépasse 63 % et, pour l’ensemble des deux matrices, 11 résultats sur 30 sont inférieurs à 2 %. Certes, plusieurs mesures se corrèlent d’autres pas, mais là, prises une par une, les écarts sont flagrants. Ainsi, le couple formé par l’apparentement isonymique [Fiso] et la population moyenne n’obtient en plaine que 0,3 % alors qu’en montagne elle atteint presque 63 %. Ici, la dichotomie est d’importance car des travaux sur l’apparentement conduits en Italie en 1957 et 1959 laissent supposer « l’existence d’une corrélation négative entre l’effectif de la population et la consanguinité » (Serra, Soini, 1959). En Dauphiné, dans l’un et l’autre groupes, nous ne retrouvons aucunement cette configuration puisque, après avoir corrélé l’apparentement et la taille des populations, voici ce que nous obtenons :
  • en plaine, r = 0,0529 (R2 = 0,0028)
  • en montagne, r = 0,7903 (R2 = 0,6246)
26De même, celui composé par l’endogamie géographique et la densité, dans le premier groupe la corrélation est insignifiante 0,06 %, dans le second, un peu plus de 35 %. En définitive, seuls deux paramètres semblent vraiment s’appareiller, l’altitude et l’apparentement isonymique : les villes de plaines aboutissent à 50,4 %, celles de montagne à 39,5 %. Donc, d’après ces regroupements généraux, quelques indices écosystémiques auraient un impact sinon majeur, en tout cas pertinent sur plusieurs variables biodémographiques, c’est ce que nous allons tenter d’expliciter.

Impact de l’écosystème sur la biodémographie

L’altitude

27Pour cerner le problème, les trente agglomérations ont été triées selon leur hauteur d’implantation, cela a déterminé deux nouveaux groupes constitués par des extrêmes altitudinaux. Au total, sept villes se situent au-delà de 700 m, tandis qu’à l’inverse, huit villes sont implantées sur un terroir inférieur à 254 m (tabl. VI).
Tabl. VI - Moyennes de 3 paramètres de biodémographie établies en fonction de la variation de l’altitude et de la densité.
Table VI - Averages of 3 parameters of biodemography according to variation in altitude and population density.
Agrandir
28Géographiquement, la situation est tranchée, discriminante, les localités d’altitude sont implantées sur des terroirs quatre fois plus élevés que ceux des villes de plaine. Pourtant, les deux groupes urbains ne marquent pas vraiment de différence probante en ce qui concerne l’endogamie, seulement 4% les séparent, ils se situent d’ailleurs en deçà de la moyenne générale. Dans le monde citadin, l’implantation ou non de résidences sur des hauteurs n’a pas d’impact véritable sur le choix géographique du conjoint. A contrario, chez les ruraux, il s’agissait d’un facteur prépondérant. Cette donnée apparaît comme conforme à la logique, les agriculteurs mettent en valeur un terroir que l’altitude rend souvent improductif et dangereux, ils ont beaucoup de difficultés à rechercher un conjoint « à l’extérieur », les Alpins ne s’unissant qu’à des montagnardes. Les urbains eux, sans doute nettement plus orientés vers d’autres activités artisanales ou marchandes, demeurent moins sensibles au gradient altitudinal, de fait ils ont une capacité accrue à trouver un conjoint « hors des remparts ». Quant à l’index de diversité, les deux ensembles s’accordent presque parfaitement, en ne s’écartant pas de la moyenne générale. Par contraste, le troisième paramètre se distingue par un écart considérable. Les agglomérations les plus élevées, en dépit d’une endogamie relativement faible par rapport à l’ensemble, recèlent un patrimoine génétique commun presque quatre fois supérieur à celles du bas. Au demeurant, se constituent en haut des réseaux familiaux d’apparentement qui font que nous obtenons un pool génique vraiment différencié que nous ne retrouvons aucunement en bas. Sur plus de 300 ans, les villes de montagne renferment 4,5 ‰ de gènes communs quand celles de plaines n’en accueillent qu’un peu plus de 1 ‰. L’altitude n’est donc pas, chez les citadins, un facteur d’isolement géographique, cependant parmi ces derniers s’opèrent, bien davantage qu’ailleurs, des stratégies matrimoniales basées sur l’apparentement.
  • 4 Ceux qui répondent aux 6 réserves méthodologiques énumérées par Crow et Mange en 1965.
29Subsiste ici un problème méthodologique. L’apparentement estimé par l’isonymie renvoie un indice dont la signification doit être expliquée. En effet, le coefficient d’apparentement d’un couple résulte de l’addition de deux composantes, l’une proche et l’autre éloignée. Pour discriminer ces deux éléments, différentes méthodes sont habituellement employées, mais c’est surtout l’information contenue dans les corpus (profondeur généalogique, complétude des branches masculine et féminine) qui permettent d’en effectuer la scission. En réalité, les travaux que nous conduisons en Dauphiné sur l’isonymie au moyen d’un registre de population informatisé, montrent que l’apparentement évalué par l’isonymie matrimoniale s’adresse pratiquement toujours à la composante éloignée du coefficient. Dans la montagne dauphinoise, les « vrais »4 couples isonymes ont un ancêtre commun, porteur du patronyme, 6 à 8 générations avant, parfois encore on atteint 12 générations. Ces couples-là, et les autres, sont apparentés par les réseaux généalogiques des branches féminines bien avant qu’ils le soient par les branches agnatiques porteuses du patronyme. De fait, l’isonymie décrit mal l’information « réelle » de l’apparentement. A contrario, la mesure de l’endogamie géographique est « immédiate », elle résulte d’un comptage effectué sur des matrices 2 x 2 stipulant le lieu de naissance des époux. Il y a donc un décalage certain entre les deux paramètres comparés. Par ailleurs, dans les deux corpus, les fréquences d’endogamie paroissiale n’admettent qu’une variabilité modeste, souvent proches de la moyenne arithmétique [28%-71% pour les extrema des villes de plaine, 35%-75%, pour ceux des cités de montagne] alors qu’au contraire, l’apparentement oscille plus largement [0,25‰-5,75‰, pour la plaine contre 1,36 ‰-11,99 ‰ de la montagne]. Ces deux considérations ajoutent certainement au fait que l’on constate de faibles amplitudes pour l’indice d’endogamie et d’importants écarts pour celui de l’apparentement.

La densité

30Un processus identique au précédent a été mis en œuvre avec la densité. Alors que celle-ci atteignait en moyenne 109 habitants au km2, nous avons sérié huit villes dont la densité dépassait 150 et huit autres inférieures à 55 (tabl. VI). Là encore, les deux sous-groupes sont parfaitement discriminants puisque le ratio approche 6. Rappelons que la densité fut établie au moyen de la surface communale et non de celle intra muros, mais ici les 31 localités comptabilisent le même biais. Nous constatons d’emblée que, pour l’endogamie géographique, un écart de 5 % sépare les deux groupes, les populations les plus denses ayant un potentiel mariable plus important, le choix préférentiel s’exerce davantage in situ. De même, les résultats concernant la diversité patronymique semblent cohérents, la variabilité des noms de famille allant de pair avec la quantité de population. Avec l’apparentement moyen, malgré une endogamie nettement supérieure, les résultats sont très contrastés. Les cités les plus denses n’ont qu’un faible patrimoine génétique commun de 1 ‰ quand leurs homologues les moins denses enregistrent 3,2 ‰. L’isonymie intégrant les composantes proches et éloignées du coefficient d’apparentement, les agglomérations les plus denses ne pratiquent guère le choix du conjoint basé sur le cousinage. Tout se passe comme si, les deux groupes urbains étant densitairement différenciés, nous avions affaire à deux types de structures sociologiques voire professionnelles ; les uns évitant les unions entre apparentés, les autres les recherchant davantage. En tout cas, ce paramètre de l’écosystème a un impact prépondérant sur la structure génétique des populations citadines.
31Pour rendre la statistique plus crédible, nous avons nettement agrandi lescorpus, sept ou huit villes ne représentant finalement qu’un quart de l’ensemble initial, des variables aléatoires pouvaient déformer les résultats. L’ensemble a simplement été scindé en ne prenant que quinze cités parmi les plus spécifiques.
32Dans cette nouvelle configuration, les paramètres de l’écosystème n’exercent qu’une influence modeste sur l’endogamie géographique paroissiale, l’amplitude des fréquences ne s’écartant que très peu de la moyenne. Par contre, l’index de diversité patronymique, directement lié à la population, admet d’importants écarts. Quant au patrimoine génétique commun, ce sont les localités d’altitude qui se distinguent vraiment en affichant des taux pour mille nettement supérieurs. Ainsi, des trois critères que nous testons, c’est bien l’altitude qui est l’« impact factor » pertinent en ce qui concerne la structure biodémographique des populations urbaines dauphinoises. En l’occurrence, nous avions raison d’opérer cette division entre les localités de plaine et celles de montagne.

Conclusion

33À l’issue de cette étude, plusieurs points peuvent être mis en avant. D’abord, en ce qui concerne la méthodologie, bien que statiques, les indices recueillis décrivent une situation parfaitement dynamique puisqu’ils sont la résultante d’un ensemble de situations multiples observées sur uncontinuum de 3 siècles. Il est certain que ce type d’approche, foncièrement globalisante, ne permet guère d’appréhender une quelconque évolution temporelle des paramètres étudiés. Toutefois, en ce qui concerne l’endogamie géographique, voici quelques proportions capables de rendre compte de la variation. Si nous reprenons les données de la ville de Meulan, les quatre cohortes observées, 1690-1739, 1740-1789, 1790-1839 et 1840-1869 renvoient respectivement 50%, 49,8%, 46,2% et 36,8%. Certes, les fréquences décroissent dans le temps, mais au xixe s., nous n’enregistrons pas de rupture flagrante dans les habitudes matrimoniales des gens du Vexin. De même, dans des travaux sur les structures génétiques de l’espace urbain que nous conduisons actuellement, les 4 bourgades dauphinoises observées à deux siècles d’intervalle permettent d’apprécier un phénomène évolutif. Au xviie s., alors que plus de 6 unions sur 10 se concluent entre bourgeois de la même paroisse, un siècle plus tard, cette proportion n’est plus que de 4 sur 10. Parallèlement, sur les mêmes périodes de recherche, l’évaluation du pool génique régresse de 1,19 ‰ à 0,85 ‰ de gènes communs. Nous assistons donc en Dauphiné, à une ouverture du « cercle des mariages urbains » qui se traduit par une ouverture génétique, mais cette dernière n’adopte aucunement un rythme évolutif rapide. Sans développer ici les analyses de cette étude à venir, spécifions que, pour la fin du xviiie s., les agglomérations dauphinoises « rattrapaient » presque leur « déficit » endogamique en accueillant davantage d’époux issus de la première et deuxième couronnes. D’un siècle à l’autre, on ne constate qu’une faible diminution de la proportion de gènes communs. Qu’en sera-t-il à la fin du xixe s. ? L’enquête reste à faire. Néanmoins, en ce qui concerne les populations de la montagne dauphinoise, nous pouvons avancer que le phénomène de « rupture de l’isolat » ne s’est produit que très tardivement, entre les deux conflits mondiaux et même, pour certaines, après 1940-1944.
34Mais d’autres arguments ampliatifs peuvent être évoqués, ceux concernant la quantité de données et la variété de localités prises en compte. Ainsi, outre la pertinence statistique qui en émane, c’est une vision d’ensemble du semis urbain d’une grande partie de la province de Dauphiné à l’Époque Moderne qui est appréhendée. Certes les cités delphinales sont des structures plus complexes, plus diverses, plus denses qu’ailleurs dans la province, elles sont aussi paradoxales par cette dualité de fermeture-ouverture de flux populationnels. Pourtant, à l’égard des paroisses rurales et montagnardes environnantes, nous ne notons pas de contrastes flagrants dans les indices de biodémographie. Cette relative unicité, cette « proximité » entre urbains et ruraux suggère que dans le Dauphiné des siècles antérieurs, les agglomérations que nous observons n’ont pas encore accédé au rang de ville à part entière (Le Mée, 1999). Sans doute qu’avec Grenoble, Vienne, Gap, Romans et Montélimar, la dichotomie serait plus nette. À Lyon et à Rouen, il ne semble pas y avoir de doute, nous l’avons vu, les flux migratoires sont tels que la diversité génétique doit être optimale ; le facteur « taille de la population » est naturellement un élément prépondérant de la biodiversité humaine. Néanmoins, deux arguments peuvent contrebalancer cette antienne :
  • l’apparentement moyen calculé ici (tabl. VII) pour les cités les plus peuplées s’élève à 2,5 ‰ quand celui de l’ensemble compte 2,6 ‰ de gènes communs ;
  • à Paris, une étude sur les dispenses (Burguière, 1998), fait ressortir que dans ce diocèse, « sur 4 767 parentés déclarées dans notre corpus, 3 632 sont des liens de consanguinité, 748 des liens d’affinité, 380 des parentés spirituelles et 7 des parentés d’honnêteté. Les demandes urbaines sont majoritaires dans toutes les catégories car, en dehors des demandes provenant de la partie rurale du diocèse, le corpus compte 12 % de couples mixtes, unissant ville et campagne ou impliquant des étrangers au diocèse ».
Tabl. VII - Mesures de 3 données de biodémographie établies selon les 3 critères géographiques les plus importants.
Table VII- Measurements of 3 elements of biodemography based on the 3 most important geographic criteria.
Agrandir
35Ainsi, les grandes capitales telles Paris ou Milan, ont des pools géniques vraiment différents de zéro. Certes les allées et venues sont d’importance mais dans ces grands centres urbains subsistent des « noyaux » plus ou moins nombreux de familles apparentées. En réalité, il conviendrait d’étudier la structure même de cet apparentement citadin, il doit s’agir d’un problème de répartition, d’homogénéité. Tout porte à croire que, dans les grandes agglomérations, un nombre restreint de familles pratiquerait un cousinage très proche au point de restituer un coefficient de consanguinité moyen non nul. Par contre, dans les localités médianes, bourgs ou petites villes, un effectif plus important de familles s’unirait entre cousins mais là, les liens seraient nettement plus « distendus », il s’agirait d’un apparentement éloigné, à l’image de celui pratiqué par les ruraux. Il y a là matière à une nouvelle problématique.
36En tout cas, ayant arbitrairement opéré une partition de l’écosystème urbain entre montagne et plaine, l’impact de la géographie sur les données recueillies apparaît clairement. Nous distinguons un monde urbain globalement diversifié en dépit de son appartenance à un terroir unique. Néanmoins cette diversification s’exerce moins sur les habitudes historiques et/ou culturelles, tel le choix du conjoint, que sur la structure génétique de ces populations des villes. En définitive, la densité et surtout l’altitude sont des facteurs prépondérants de la fermeture biologique des agglomérations dauphinoises.
Haut de page

Bibliographie

Bardet (J.-P.) 1983, Rouen au xviie et xviiie siècles, Les mutations d’un espace social, Sedes, Paris, 421 p.
Bauthier (R.H.), Sornay (J.) 1968-1975, Les sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Âge : Provence, Comtat Venaissin, Dauphiné, États de la Maison de Savoie, CNRS, Paris, 3 tomes, 1823 p.
Blanchard (R.) 1938-1956, Les Alpes Occidentales, 12 volumes, (tome V, 1950) Arthaud éd., Grenoble, Paris, 2307 p.
Bley (D.) 1984, Diversité des emplacements humains et comportements matrimoniaux, in E. Crognier et al. (éds), Mariage en Limousin, CNRS, Paris, 138 : 75-93.
Bley (D.), Boëtsch (G.) 1999, L’anthropologie démographique, PUF, Paris, 127 p.
Boëtsch (G.), Prost (M.) 2001, Apparentement et ressemblance patronymique en Dauphiné du xve au xxe siècle, in P. Darlu et al. (éds), Le patronyme : Histoire, anthropologie, société, CNRS Éditions, Paris, 432 : 301-317.
Boëtsch (G.), Prost (M.), Rabino-Massa (E.) 2002, Evolution of consanguinity in a French Alpine valley, the Vallouise in the Briançon region (17-19th centuries), Human Biology 75, 2: 285-300.
Bouchard (G.), de Braekelleer (M.) 1991, Histoire d’un Génome, PUQ, Montréal, 599 p.
Burguière (A.) 1998, « Cher cousin », les usages matrimoniaux de la parenté proche dans la France du xviiie siècle, Communication des 11e Entretiens Internationaux du Centre Jacques Cartier (Lyon), Atelier n° 2 : Patronyme, parenté et consanguinité, 12 p.
Chanaud (R.) 1974, Le Briançonnais aux xive et xve siècles : aspects de la vie économique et sociale, Paris, 372 p. dactylographié.
Chardon (M.) 1989, Essai d’approche de la spécificité des milieux de la montagne alpine, Quelle Spécificité Montagnarde ? in Debarbieux (éd.),Revue de Géographie Alpine 67, 1-2-3, 349 : 15-28.
Chevalier (U.) 1913-1926, Regeste Dauphinois ou répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l’histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l’année 1349, Valence, 7 tomes.
Chomel (V.) 1960, Un mémoire inédit sur le commerce de transit en Dauphiné au milieu du xve siècle, Bulletin de Philologie historique : 315-343.
Crow (J.F.) 1980, The estimation of inbreeding from isonymy, Human Biology52: 1-14.
Dodge (Y.) 1993, Statistique, dictionnaire encyclopédique, Dunod, Paris, 409 p.
Dupâquier (J.) sous la direction de- 1988, Histoire de la population française,PUF, Paris, 4 : 2310.
Falque-Vert (H.) 1997, Les hommes et la montagne en Dauphiné au xiiie siècle, PUG, Grenoble, 517 p.
Garden (M.) 1975, Lyon et les lyonnais au xviiie siècle, Flammarion, Paris, 374 p.
Girard (A.) 1981, Le choix du conjoint, Une enquête psycho-sociologique en France, Travaux et Documents, Cahier n° 70, PUF-INED, 201 p.
Goubert (P.) 1982, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, EHESS, Paris, 653 p.
Gueresi (P.), Pettener (D.), Martuzzi-Veronesi (F.) 2001, Marriage behaviour in the Alpine Non Valley from 1825 to 1923, Annals of Human Biology 28, 2: 157-171.
Jacquard (A.) 1970, Structures génétiques des populations, Masson, Paris, 399 p.
Lachiver (M.) 1969, La population de Meulan du xviie au xixe siècle, SEVPEN, Paris, 339 p.
Lasker (G.W.) 1977, A coefficient of relationship by isonomy, A method for estimating the genetic relationship between populations, Human Biology 49: 489-493.
Leboutte (R.), Hellin (E.) 1988, Le choix du conjoint : à propos de l’usage d’indicateurs quantifiables pour apprécier l’endogamie, in Au-delà du quantitatif, Espoirs et limites de l’analyse qualitative en démographie, Chaire Quetelet’85, Université catholique de Louvain,
p. 415-465.
Le Mée (R.) 1999, Dénombrements, Espaces et société, Cahiers des Annales de Démographie Historique 1 : 399.
Léon (P.) 1954, La naissance de la grande industrie en Dauphiné (finxviiie-1869), Paris, PUF, 2 : 965.
Le Roy Ladurie (E.) 1985, Les paysans de Languedoc, EHESS, Paris, 745 p.
Mc Cullough (J.M.), O’Rourke (D.H.) 1986, Geographic distribution of consanguinity in Europe, Annals of Human Biology 13,4: 359-367.
Odum (E.P.) 1971, Fundamentals of ecology, W.B. Saunders co., Philadelphia, 574 p. (first publication, 1953).
Prost (M.) 2000, Patronymes et histoire biologique, aspects théoriques de la recherche et diverses applications issues du registre de population informatisé : Vallouise en Briançonnais, in Évolutions biologiques et culturelles en milieu alpin, 2e Université d’été 1999, CNRS-Aix-Marseille 2,CDDP, Gap, 181 : 89–104.
Prost (M.), Boëtsch (G.) 2001, Choix du conjoint et apparentement dans les populations montagnardes du Dauphiné aux xviie et xviiie siècles, Revue de Géographie Alpine 89, 3 : 21-40.
Prost (M.), Boëtsch (G.) 2002, Mobilité et aires matrimoniales dans les populations alpines du Dauphiné : le cas des 20 communautés de l’Oisans du xviie au xixe siècle, Anthropologica et Praehistorica 113 : 121-133.
Prost (M.), Boëtsch (G.), Rabino-Massa (E.) (soumis), Les limites de l’isonymie matrimoniale, De la théorie à la réalité d’un registre de population informatisé, 1350-1899, Genus.
Prost (M.), Revol (M.) 2000, Biodémographie comparée : le Dauphiné rural, urbain et montagnard à l’époque moderne (xviie et xviiie siècles), Cahiers d’Histoire 45, 3 : 391-414.
Sauvain-Dugerdil (C.) 1996, The reproductive cycle and population dynamics: the case of the Bagnes Valley (Valais, Switzerland) in the xixth century,International Journal of Anthropology 11, 2-4: 167-183.
Sauvain-Dugerdil (C.), Boëtsch (G.), Serrano-Sanchez (C.) 1996, Continuity, Collapse or Metamorphosis? Demographic anthropology and the study of change within human populations, International Journal of Anthropology 11, 2-4: 3-11.
Sclafert (T.) 1926, Le Haut-Dauphiné au Moyen Âge, Paris, 765 p.
Sevin (A.), Boëtsch (G.) 1991, L’évolution des structures biodémographiques dans une population agricole française, Anthropologie et Préhistoire 102 : 149-161.
Segalen (M.), Jacquard (A.) 1971, Choix du conjoint et homogamie, Population3 : 487-498.
Serra (A.), Soini (A) 1959, La consanguinité d’une population. Rappel de notions et de résultats, Application à trois provinces de l’Italie du Nord,Population 1 : 47-72.
Tay (J.S.H), Yip (W.C.L.) 1984, The estimation of inbreeding from isonymy: relationship to the average inbreeding coefficient, Annals of Human Genetics48: 185-194.
Turrel (D.) 1986, Bourg en Bresse au xvie siècleLes hommes et la ville, Bourg en Bresse, 290 p.
Vovelle(M.) 1980, Ville et campagne au xviiie siècle (Chartres et la Beauce), Éditions Sociales, Paris, 307 p.
Zeller (O.) 1983, Le recensement lyonnais de 1597 et 1636, Démographie historique et géographie sociale, PUL, Lyon, 474 p.
Haut de page

Annexe

Annexe I - Corpus des villes et des bourgs étudiés.
Annexe 1 - All the towns and villages studied.
Agrandir
Annexe 2 - Coefficient de détermination, R2 exprimé en %.
Annexe 2 - Coefficient of determination, R2 expressed in %.
Agrandir
Agrandir
Haut de page

Notes

1 Relevés et informatisation des Associations Généalogiques : pour l’Isère, Centre Généalogique du Dauphiné (CGD), pour les Hautes Alpes, Association Généalogique des Hautes Alpes (A.G 05). Protocole du programme DAUPHINÉ.
2 Il s’agit d’un problème complexe comme l’indique l’exemple rouennais où la densité apparente est de 363 habitants par hectare, mais dans les bâtiments privés, on compte en réalité jusqu’à 750 personnes/ha. Mais en définitive, un calcul approximatif nommé SH (surface de plancher par habitant), renvoie une moyenne de 42m2 par habitant dans cette importante ville du royaume.
3 Les villes de plaine ont un patrimoine génétique commun de 1,4 ‰, cette mesure équivaut presque à la moyenne que nous obtiendrions si toutes les unions des villes s’effectuaient entre apparentés du 4e au 5e degré canonique (9e degré civil = 1,9531 ‰). Pour les urbains de la montagne, il s’agit d’un apparentement moyen au 4e degré canonique (8e degré civil = 3,9062 ‰) (Jacquard, 1970).
4 Ceux qui répondent aux 6 réserves méthodologiques énumérées par Crow et Mange en 1965.
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

M. Prost et M. Revol, « Impact de la géographie sur la biodémographie ? »,Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 14 (1-2) | 2002, mis en ligne le 23 avril 2010, Consulté le 22 novembre 2012. URL : http://bmsap.revues.org/82
Haut de page

Auteurs

M. Prost

UMR 6578, Laboratoire d’Anthropologie: adaptabilité biologique et culturelle, CNRS-Université de la Méditerranée, Faculté de Médecine, 27 boulevard Jean Moulin, 13385 Marseille Cedex 05, e-mail : PROSTbiodemo@aol.com

Du même auteur

M. Revol

École des Hautes Études en Sciences Sociales, Centre de Recherches Historiques, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris.
Haut de page

Droits d'auteur

© Société d’anthropologie de Paris

No comments:

Post a Comment